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WhatsApp : des chiffres qui donnent le vertige



La start-up de Mountain View est passé, mercredi 19 février, pour la somme astronomique de 19 millards de dollars (13,8 milliards d'euros), dans le giron de Facebook. Petite entreprise au chiffre d'affaires dérisoire, WhatsApp présente néanmoins un potentiel de croissance extraordinaire.

Un deal à 19 milliards de dollars...
Facebook va débourser 19 milliards de dollars, dont seulement 4 en cash (le reste est en actions) pour mettre la main sur WhatsApp. Cette somme représente près de 10 % de la capitalisation boursière de Facebook et c'est le prix le plus élevé jamais payé au cours d'un deal dans la Silicon Valley, notamment sur une entreprise adossée à du capital-risque. Pour le fonds d'investissement Sequoia, qui avait injecté 8 millions de dollars dans WhatsApp en 2011, l'opération est une bonne affaire : le fonds devrait engranger plus de 3 milliards de dollars au cours de la transaction.

A titre de comparaison, l'achat d'Instagram en 2012 pour seulement 1 milliard de dollars (c'est-à-dire à peine 1 % de sa capitalisation boursière) fait pâle figure, tout comme les deals précédents : Yahoo! avait acheté GeoCities pour 3,6 milliards en 1999, eBay avait mis la main sur Skype pour 2,5 milliards en 2006, et Google a acheté YouTube pour 1,6 milliard en 2006 (soit 1,3 % de la capitalisation boursière de Google).

... pour quel volume d'activité ?
Pour 19 milliards de dollars, qu'obtient Facebook ? Seulement une cinquantaine d'employés, basés à Mountain View (Californie), dont 32 ingénieurs (WhatsApp n'a ni service marketing, ni service de presse, ni de pôle dédié à la monétisation de l'audience ou à la publicité), et un chiffre d'affaires estimé par Forbes à une vingtaine de millions de dollars en 2013 (les comptes de WhatsApp, qui n'est pas cotée, ne sont pas publics).
Mais surtout, Facebook met la main sur 450 millions d'utilisateurs actifs, dont 70 % le sont quotidiennement. Cela fait 350 millions de dollars environ déboursés par employé, mais une quarantaine de dollars par utilisateur.

En 2012, l'acquisition d'Instagram avait coûté à Facebook 20 000 dollars par utilisateur et, si l'on se rappelle que la petite start-up ne comptait qu'une quizaine d'employés à l'époque, environ 67 millions de dollars par employé.

Le nombre de messages échangés via WhatsApp s'approcherait du nombre de SMS échangés dans le monde, plus de 10 milliards par jour, et brasserait un nombre de photos largement supérieur à celui de Facebook, Snapchat et Instagram : autour de 500 millions par jour.

Ce deal, le plus important enregistré sur le secteur à ce jour, vient un peu plus alimenter l'inflation galopante qui entoure les jeunes pousses de la Silicon Valley, au risque de nourrir les peurs autour d'une bulle spéculative.

Parier sur l'avenir et la croissance exponentielle du réseau
« Si vous ne pouvez pas les garder, achetez-les ! » plaisantait la presse spécialisée jeudi matin, ironisant sur le fait que Facebook cherche absolument à compenser la « désaffection », ou plutôt le ralentissement de sa croissance, en achetant – très cher – des utilisateurs jeunes et dynamiques (c'est-à-dire très actifs sur le réseau). Et à ce niveau, WhatsApp est une prise de taille (70 % d'actifs quotidiennement). Il s'agit du ratio le plus élevé pour ce type d'applications, et il est supérieur à celui de Facebook : sur le réseau bleu, « seulement » 65 % des utilisateurs se connectent chaque jour.

Mieux encore, les utilisateurs de WhatsApp sont, même s'il n'existe pas de chiffre officiel – WhatsApp ne collecte pas de données sur ses utilisateurs –, vraisemblablement plus jeunes que les utilisateurs de Facebook, dont l'âge médian, 41 ans aujourd'hui, ne cesse de reculer.

Les principaux clients des applications de messagerie instantanée gratuite ou à coût modique sont en effet les détenteurs de smartphones dont l'abonnement ne comprend pas d'option « SMS illimités », c'est-à-dire essentiellement les clients les plus jeunes. Le relatif anonymat garanti par WhatsApp, qui supprime sur ses serveurs tous les messages et photos postées après leur lecture et qui ne demande ni identifiant, ni mot de passe, ni constitution d'un carnet d'adresses séparé, sont autant d'atouts qui ne peuvent que les séduire.

Enfin, WhatsApp présente un potentiel de croissance particulièrement impressionnant : la progression de son audience est supérieure à celle enregistrée par Facebook, Gmail, Twitter ou Skype lors de leurs premières années. Aujourd'hui, l'application enregistre un million de nouveaux utilisateurs chaque jour.

A titre de comparaison, son concurrent Snapchat, que Facebook avait essayé d'acheter pour 3 milliards de dollars, ne compterait (là encore, les chiffres ne sont pas publics), qu'une cinquantaine de millions d'utilisateurs.

Des marchés à explorer
WhatsApp exerce sa domination surtout sur les marchés européens, nord-américains, et connaît une très belle croissance en Inde, où l'application compterait environ 35 millions d'utilisateurs. En revanche, la concurrence est sévère dans les pays asiatiques : WeChat en Chine, Line au Japon et la très populaire Kakao Talk en Corée dominent largement les marchés locaux.

WhatsApp vise l'Afrique, mais là aussi, les concurrents sont légion, notamment Mxit, application sud-africaine qui souhaite percer à l'international, et notamment s'attribuer une part du gâteau indien. Son atout ? Etre utilisable sur les réseaux 2G, qui sont encore la norme en Inde et d'autres pays en développement.

Source : lemonde.fr

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