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Ukraine : l'UE veut des sanctions, mais appelle au dialogue


Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne, réunis jeudi 20 février à Bruxelles, ont adopté le principe de sanctions contre certains responsables ukrainiens, tout en réaffirmant leur volonté de promouvoir un éventuel dialogue entre l'opposition et le régime. Les sanctions visent les « responsables des violences » soit, à ce stade, une demi-douzaine de personnalités dont les noms ont été évoqués entre les ministres, mais pas dévoilés.

C'est le Conseil européen qui adoptera une liste de noms « une fois le moment venu » et qui décidera de la mise en œuvre des mesures (gels des avoirs et interdiction de visas). Certaines forces d'opposition pourraient-elles également être sanctionnées ? « On peut se livrer à une interprétation large », explique une source diplomatique. Une mesure d'embargo sur les matériels pouvant servir aux forces de l'ordre a également été décidée.

METTRE LES AUTEURS DEVANT LEURS RESPONSABILITÉS

« Les gens sur place auraient peut-être espéré davantage », concédait le ministre luxembourgeois Jean Asselborn. Qui soulignait cependant que les Européens ne voulaient pas « claquer la porte » et compromettre la négociation menée sur place par Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier et Radoslaw Sikorski, les ministres français, allemand et polonais des affaires étrangères. « Le message qu'ils nous ont transmis pendant la réunion était qu'il fallait leur donner une chance », soulignait M. Asselborn. « Mais nous voulons mettre ceux qui ont permis les violences devant leurs responsabilités, car il est impossible que cela reste sans conséquences », ajoutait son collègue belge Didier Reynders.

La réunion de Bruxelles avait été convoquée mercredi, après la première vague de violence, qui avait fait une trentaine de morts. Elle visait initialement, au-delà de l'adoption de quelques sanctions « ciblées », à faire pression sur le régime du président Viktor Ianoukovitch. Celui-ci et les principaux responsables politiques du pays, devaient être épargnés à ce stade : les Vingt-Huit voulaient d'autant moins couper les ponts avec le régime que certains pays membres – l'Espagne, la Grèce, l'Italie – restaient sceptiques quant à l'efficacité même de sanctions.

La réunion voulait aussi rappeler la nécessité du « dialogue ouvert à tous » et tenter de convaincre le régime de Kiev qu'il lui était toujours possible de signer l'accord d'association qu'il avait rejeté en novembre dernier.

LES TROIS MINISTRES PROLONGENT LEUR SÉJOUR À KIEV

Les événements de la matinée, avec des dizaines de victimes supplémentaires, avaient toutefois changé la donne. Laurent Fabius et ses deux collègues, arrivés sur place le matin même pour rencontrer des représentants du régime et de l'opposition ont fini, après une menace d'annulation, par avoir une conversation de plusieurs heures avec le président. Il en a résulté un projet de « feuille de route » évoquant le gouvernement, les réformes constitutionnelles, le processus électoral et la fin des violences. Le texte devait être soumis à l'opposition dans la soirée.



La Haute représentante, Catherine Ashton, donne une conférence de presse à propos des événements ukrainiens, à Bruxelles, le 20 février 2014.
Les trois ministres ont décidé, jeudi après-midi, de prolonger leur séjour à Kiev et ont informé en continu la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, et leurs collègues réunis à Bruxelles. Ces nouveaux développements ont considérablement compliqué la tâche des membres du Conseil européen, obligés de jouer les équilibristes pour concocter un texte suffisamment ferme pour que les violences soient condamnées et assez souple pour préserver l'hypothèse d'une médiation, en vue d'un dialogue éventuel.

Il s'agissait, en outre, de ne pas rompre le contact avec Moscou, alors que la chancelière Angela Merkel avait eu, la veille, un entretien en direct avec le président Vladimir Poutine et avait exprimé sa volonté de maintenir des relations étroites avec la Russie pour chercher une solution à la crise ukrainienne. Jeudi matin, Sergeï Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe, avait déclaré que la menace de sanctions européennes n'était « rien d'autre qu'une tentative d'intimidation ». Et les entretiens de M. Ianoukovitch avec les ministres européens, jeudi après-midi, ont été interrompus par un appel du Kremlin… « Je pense que la Russie n'a pas intérêt à ce que l'Ukraine reste dans cet état », commentait jeudi soir M. Asselborn. Quant à la situation sur place, « j'ignore ce qui pourrait se passer d'ici à demain matin », avouait le ministre des affaires étrangères luxembourgeois.

Source : lemonde.fr

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