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L'Irlande du Nord se débat sur un amendement qui autoriserait les discriminations homophobes

Un hôtelier qui refuse une chambre à un couple sous prétexte qu’ils sont gays. Un dîner au restaurant interdit parce que le fait d’être homosexuel heurte le restaurateur. Des faits qui paraissent inadmissibles. Et pourtant, en Irlande du Nord, c’est ce que voudrait introduire un amendement, préparé par le DUP, le parti unioniste démocrate. Appelée "Conscience clause bill", cette disposition complèterait les lois pour l'égalité existantes et permettrait aux personnes croyantes de pouvoir refuser certains services, lorsqu’ils estiment que cela offense leur conscience ou leurs convictions religieuses.

Le gâteau glacé de la discorde

La proposition est portée par le DUP Paul Givan, qui siège à l’Assemblée nationale. L’homme politique s’appuie sur une affaire survenue récemment en Irlande : la boulangerie Ashers, dont les gérants, croyants, avaient refusé de faire un gâteau glacé avec un message promouvant le mariage entre deux personnes du même sexe, commandé par un client. L'affaire a été portée devant la justice. Et la Commission de l’égalité a condamné les gérants, en arguant que la boulangerie, en refusant la commande faite par le client, avait agi en complète violation de la loi sur l’égalité.

Mais pour le député Paul Givan, dont le parti défend la communauté protestante, la loi doit être "rééquilibrée". "Cet exemple montre bien le fait que cette loi sur l’égalité votée avec l’intention de protéger les minorités, a l’effet inverse sur ceux qui ont des croyances religieuses, lorsqu’il s’agit de mettre à disposition des bien et des services", indique le député sur son site. Avec cet amendement, il entend "créer une espace dans la législation entre les droits des gens à ne pas être discriminé, et les droits à la conscience des croyants".

Une discrimination ouvertement légalisée

Il propose notamment que les chefs d’entreprise puissent refuser des situations où ils "sentent que cela peut soutenir, promouvoir ou faciliter une relation entre personne du même sexe alors que c’est en violation avec leur foi".

Ainsi, un catholique travaillant dans une agence d’adoption pourrait refuser de placer un enfant chez un couple de parents homosexuels. Un imprimeur musulman pourrait refuser d’éditer un livre mettant en avant les relations entre personnes du même sexe, ou un photographe évangélique refuser encore de prendre en photos un couple homosexuel lors de leur union à la mairie.

En revanche, d’après Paul Givan, un épicier croyant ne pourrait refuser de vendre une pomme à un gay, ou un imprimeur musulman d’éditer des brochures pour des sets de tables de café dessinées par un cabinet lesbien... De subtiles subtilités.

Une pétition a recueilli 100.000 signatures en deux jours

Avant de présenter cet amendement, le DUP a ouvert une consultation publique sur son site, pour collecter les commentaires des citoyens. Mais les critiques n’ont pas tardé. Les élus pro-égalité du Sinn Fein et des autres partis se sont en effet associés pour arrêter cet amendement. Le Sinn Fein a également indiqué vouloir utiliser une "petition of concern", un dispositif qui permet de stopper l’amendement d’un député quand il est présenté à l’Assemblée, un système de veto demandant le support de 30 membres siégeant.

La mobilisation est aussi publique. De nombreuses pétitions ont été lancées, faisant le tour du monde. L'une d'elle a eu un vif succès. Le 23 février, l’association All Out, qui défend les droits des personnes homosexuelles, a mis en ligne une pétition pour que cette loi "anti-gay ne voit pas le jour". En 48 heures, le texte a collecté plus de 100.000 signatures, dont environ 30.000 d’habitants d’Irlande du Nord. All Out appelle également à aller donner son avis sur le site du DUP, dont la consultation publique se termine ce vendredi.

source : metronews.fr

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